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PLF 2018: une reprise des finances publiques s’impose

Le rythme de la croissance projeté pour 2018 reste en deçà du rythme potentiel du pays. Il ne permet pas de créer des emplois suffisants pour répondre à la demande additionnelle au risque d’aggraver le chômage ou l’inactivité.

C’est la conclusion de l’étude « Le budget 2018 : commentaire sur le schéma de croissance », réalisée dans le cadre des activités scientifiques de Solidar Tunisie, par l’universitaire et l’économiste Saloua Zouari.

Une conjoncture internationale défavorable
L’étude analyse les prévisions du budget 2018 et affirme que le résultat ne sera pas au rendez-vous. Loin d’être des impressions généralistes, Saloua Zouari s’est penchée sur l’analyse des prévisions des budgets de l’Etat de 2017 et de 2018, ce qui lui a permis d’aboutir à ce constat.

Même la conjoncture internationale défavorable à une relance économique en 2018 soutient l’étude : ralentissement de la croissance en Union européenne, ralentissement des échanges internationaux et augmentation du prix du baril du pétrole, telles sont les caractéristiques de la conjoncture mondiale. Et s’ajoute à cela que les objectifs du budget 2017 n’ont pas été réalisés.

Saloua Zouari considère que « sur de nombreuses questions, le budget 2018 procède de la même logique que le budget économique 2017 au risque d’avoir des performances similaires et de ne pas réaliser les objectifs qu’il s’est assignés ».

Prévisions trop optimistes
Ainsi si le schéma de croissance prévu pour 2018 sera adopté, il en résulterait, selon la même étude, un déficit courant encore plus important (8,2%), un encours excessif de la dette ( 72,3%), un taux d’inflation croissant (5,8%) et sensiblement supérieur à celui prévu (3,6%).

En ce qui concerne le taux de croissance de l’économie tunisienne et des secteurs, le budget 2018 vise un taux de croissance de 3%. Ce taux est largement en deçà de celui prévu par le plan 2016 -2020 (4,4%). Les prévisions pour 2017 s’étant avérées optimistes.

Les projections de 2018 ont été sensiblement ajustées à la baisse, constate l’étude. D’ailleurs, c’est pour cette raison que l’étude avance que le schéma de croissance retenu par le budget 2018 suppose une accélération du rythme de la croissance dans tous les secteurs hormis les services non-marchands.

De même, le schéma de croissance 2018 suppose une forte évolution de 11,1% du secteur agricole (estimations de 2017) et de 18,3% en 2018. Cependant, l’étude affirme que ce secteur porteur de croissance demeure tributaire des aléas climatiques.

De même, l’étude avance que « les industries non-manufacturières risquent de ne pas retrouver le chemin de la croissance. Les énergies renouvelables tardent à prendre le relais sur les hydrocarbures. De plus, le bâtiment et les travaux publics continuent de pâtir de la crise ».

Concernant la consommation, « malgré les efforts de rationalisation évoqués par le budget 2018, la consommation totale croîtra de 8,4% contre 7,6% en 2017 (estimations). Et de rappeler que « les mesures prises pour freiner la consommation sont la rationalisation des dépenses de l’Etat, surtout au titre des salaires et des dépenses de compensation qui ne sont pas chiffrées. »

Parmi les mesures, l’étude cite :

– La maîtrise des salaires (fonction publiques) : elle engendre une maîtrise de la consommation des bénéficiaires de ces salaires;
– La rationalisation des dépenses de compensation : il en résulterait une hausse des prix à la consommation pour les ménages, susceptible de freiner la consommation;
– La hausse des taux de la TVA, des droits de douane et de la taxe à la consommation engendre une hausse des prix qui freine la consommation des ménages;
– Des taux d’impôt direct plus élevés réduisent les revenus disponibles des ménages et impactent la consommation.

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